Y a-t-il du plomb, et plus généralement des métaux lourds, dans le miel, dans l’affirmative est-ce un risque sanitaire, quelles sont les sources de contamination et le miel peut-il servir d’indicateur de pollution pour un territoire ? Ce sont quelques questions qui nous agitent depuis quelques années et sur lesquelles on peut faire un point.

On commencera par dire qu’il est difficile de s’accorder sur des valeurs de référence concernant la teneur en plomb « standard » du miel. On trouve différentes études ayant conduit à des analyses et qui donne des valeurs allant de 2 à 9 μg/kg (en Ile-de France et Rhône-Alpes) à 118 μg/kg.

Oui, on trouve des traces de plomb élément ainsi que d’autres métaux dans les miels récoltés en ville ainsi que dans le corps des abeilles. Des mesures de référence ont été faites au Canada à Vancouver et dans plusieurs capitales européennes (Kate Smith, 2019) et en Australie (Mark Taylor, 2018) et concluent à une présence de ces métaux éléments mais à des taux très variables et qui restent en deçà des normes sanitaires. Pour donner une idée, les taux de plomb des miels urbains analysés sont généralement inférieurs à 50μg par kilo sauf pour Sydney et un site minier australien (Broken Hill) où ont été mesurés des taux de 2570 µg/kg. Pour mémoire, la dose quotidienne acceptable pour les règlements Européen est de 215 μg, le taux dans le miel doit être inférieur à 100 μg/kg.

On mentionnera tout de même les mesures qui ont été faites en 2019 ( Kate Smith et Coll.) sur les miels parisiens suite à l’incendie de Notre Dame – incendie qui a libéré de fortes doses de plomb dans l’air, plomb qui a ensuite été « lessivé » par la pluie et qui s’est redéposé sur le sol et les toitures. On se rappelle que quelques écoles on du être fermées le temps d’une décontamination. L’étude a remonté des concentrations en plomb, cadnium et cuivre supérieures à la normale dans les miels analysés, particulièrement dans les ruches situées dans un cadran nord-ouest autour de Notre Dame (lors de l’incendie, le vent était orienté sud-est), mais sans dépasser les teneurs seuils (77 μg/kg pour le miel avec le plus fort taux de plomb).

Mais alors, hors évènement exceptionnel, quelles sont les sources de contamination pour les abeilles en ville ?

On pense immédiatement – mais à tort – à la circulation automobile (rappelons qu’il n’y a plus de plomb tétra éthyle dans les carburants depuis un bonne quinzaine d’années)alors qu’en fait la source est l’eau contaminée par le plomb (et le zinc) des toitures. Dans certaines circonstances on a mesuré jusqu’à 20 mg de plomb par litre d’eau stagnant dans les gouttières.

Pour être complet, ajoutons qu’une contamination du miel au plomb serait en principe également possible via l’utilisation de matériel d’extraction de mauvaise qualité : cuves en acier galvanisé, soudures « baveuses », raccords en laiton ; mais ce sont des cas de figure qu’on ne voit plus beaucoup à part dans les musées de l’apiculture.

Des ruches sentinelles peuvent-elles servir à évaluer les niveaux de pollution dans les endroits dépourvus d’infrastructures de surveillance ? C’est ce qui se dit dans la communauté scientifique. Les abeilles ont une zone de butinage assez large (3 à 5 km autour de la ruche) et ainsi peuvent fournir une carte assez détaillé d’un ensemble de polluants sur un territoire. Merci aux abeilles de bien vouloir nous régurgiter notre propre pollution.

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